Mwen rele Imamoulèlè(oh), koman nou ye? On a saigné notre plaie qui pue, cette plaie qui fait le bonheur des mouches, des bestioles de toutes plumes et de toutes plumages. Alors Haiti est une deveine cordée, un coup de corde au bas du ventre, une poussée d'enfant d'une mère dans la plus abjecte souffrance.
Port-au-Prince est sur la rive d'une plaie qui souvent bénéficie des premières croûtes d'une blessure non-cicatrisante, un Port-au-Prince qui souffre sous ses racines fortes, profondes et nombreuses logant la capitale de ces immigrants qui reviennent des villes de provinces là où leur nombril sont plantés, ils sont souvent partis en laissant une partie d'eux dans ce lointain pour aller retrouver l'endroit où la vie sommeille et dort très dure ne réagissant même pas à la piqûre d'une épingle. Il y a les purges de la malingre qui ne trouve pas curage devant le courage d'un peuple qui veut vivre, qui est fouetté dans ses plaies encore plus fort. Ici, on a des rongeurs locaux qui mordent le doigt qui leur donne à manger.
Nos enfants sont pourris depuis la mamelle jusqu'à la moelle des os, des enfants qui se prostituent pour un café servi avec du pain. Haiti est une mère chargée d'enfantd dit-on. Que répondrait un de ces enfants si sa mère lui demandait, mon enfant, m'aimes-tu? Répondrait-il "Oui"? Comme pour récidiver cette parole qu'on répète souvent, si je te bats c'est parce que je t'aime, que la plus belle des manières de prouver son amour c'est par un giffle qui enfle le visage. Répondrait-il "Non"? Pour dire cette vérité qui blesse, mais qui coûte l'effort d'une épée à double tranchant comme celle qui a transpercé le coeur de Marie. On se gonfle les veines, histoire de vanter notre amour, on demande aux tonnerres et aux orages de nous brûler en enfonçant nos orteils vers la terre mais la nature nous fait grâce malgré tout.
Le cancer a fait une bouffée de nous qui sommes des cancres laissant une plaie se noyer sous les flots abondantes de nos pleurs riseuses, de nos pleurs aux yeux secs. On se plaint de notre auto-sort, on plaint notre misère ce qui augmente les possibilités d'éradiquer cette douleur génétique qu'engendre cette plaie répugnante qu'on arrête pas de gratter pour la sentir et qui s'est envolumé. Nous avons perdu notre odorat en acceptant de boucher notre nez pour boire de l'eau stagnantes.
Imamoulèlè(oh), koman nou ye? Gade yon peyi kap gaspiye!
Guyveco.
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