FRANKÉTIENNE EST
VIVANT
Le sphinx des lettres haïtiennes, poète,
peintre et conteur, de son chaos, ses espérances, ses obsessions, ses névroses,
nous raconte sa symbiose dans des livres ivres et libres, au présent du temps
qui passe insaisissable, dans un « Je » de métaphore et poésie
absolue.
Un « Je » sans égo, ni égo, ni égal,
tourné vers nous.
Enfants du désastre. Et de l’instant.
Frankétienne est, un monde en relation.
Arbre de vie, séisme de magnitude infinie, trou
noir béant de mystère.
Livre après livre, tableau après tableau,
spectacle après spectacle, murissent ses ombres joyeuses et les spectres de la
lumière sombre.
Frankétienne est un astre tellurique baigné
dans la clarté musicienne et opaque des poèmes de saisons. De folie et de feu.
Métisseur de liens, maitre à penser à écrire et
à vivre en zigzags, infatigable pyromane lexical, créateur zinglindor,
spécialiste en ruptures grammaticales, Frankétienne est mon premier choc
violent.
En littérature.
J’ai rencontré le vendeur de Fleurs d’insomnie
à 18 ans alors que j’étais au matin de moi-même. Depuis que je sais, que toute rencontre
est désordre.
Frankétienne est.
Un dieu, un prophète, une citadelle, et cette
image aussi : « l’homme et son contraire, le roi et son fou, mélange
d’être et non-être. »
Chaophonie est un testament, le testament
vibrant d’un poète révolutionnaire qui s’offre à nous, de toute la force et la
faiblesse de son être.
Vivant, Frankétienne est.
Pour toujours.
Et il nous parle, nous dicte et nous dit de
continuer le voyage, en gardant courage au cœur et foi en l’art et la déraison.
Il nous exhorte, à continuer la création.
Sans concession.
Sans sommation.
« Mais que valent toutes les littérature
du monde face à un homme qu’on assassine?
Que pèsent toutes les bibliothèques des villes
entières face à un enfant qui meurt de faim?
Pourtant, une seule phrase dans un livre peut
bien sauver l’humanité. »
Frankétienne nous parle, nous dicte et nous dit
que les poèmes sont des armes miraculeuses, et que « toute œuvre est un
pari sur l’avenir ».
Chaophonie est une plongée en apnée dans l’imaginaire
et langue de mystère d’un des plus grands écrivains contemporains, un monstre
sacré d’Haïti qui s’est évertué à tuer ses démons.
Pour mieux les ressusciter.
En nous.
Frankétienne nous parle, nous dicte, et nous
dit, de ne pas perdre le pied, de ne pas oublier dans le vertige du monde. Nous
devons rester nous-mêmes, dignes et debout, contre vents et marées humaines, en
vers et contre tout, rester debout, dignes te patients.
« Attends patiemment et le murissement de
tes rêves au bourgeonnement de l’aube. »
« N’oublie jamais, mon fils, qu’en
brassant la lumière avec le sable et l’eau, ta patience laborieuse fera naitre
un nouveau paysage et ton oasis finira par manger le désert le plus immense. »
Frankétienne est vivant, définitivement et nous
parle vibrant, comme Césaire, comme Gibran, comme Glissant et tant d’autres
professeurs d’espérance, il nous dicte et nous dit.
D’être.
Au rendez-vous de la conquête.
Et de la rencontre.
Avec nous-mêmes. Et avec l’autre.
Frankétienne idole des jeunes et des moins
jeunes poètes, nous parle, nous dicte et nous dit.
De bruler les idoles, et d’oser.
La symbiose, avec nous-mêmes.
Et le monde.
Frankétienne est mouvement, forme de spirale.
Chaophonie est une polyphonie hallucinante
halluciné, un vortex, une œuvre de vie, une vie à l’œuvre, celle d’un artiste
galaxie qui puise son énergie vibratoire et son inspiration à la source, au cœur
de cratère, dans le chaos premier.
FRANKÉTIENNE est un vivant, le poète vivant!
Définitivement!
Texte
tiré du livre de poésie : De terre, de mer, d’amour et de feu
Marc Alexandre Oho Bambe(Le Capitaine)
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