Après avoir descendu la camionnette, je marchais sans empressement. Le vent frais du matin balayait mes habits, et les parties de mon corps qui sont à découvert. Dans mes écouteurs, la voix révolutionnaire de Kebert Bastien résonnait, pour noyer le peu de fierté qu'il me restait. En attendant, mes pensées lavèrent leurs robes pour accompagner ce sentiment de réussir là où les autres ont échoué qui m'abordait gentiment, en ce début de matinée. Pourquoi ?
J'ignorais ce qui se passait autour de moi, je regardais devant moi. J'ai donc vu l'enjouement de deux camarades qui se croisent sur la route de l'école après un week-end assez long. J'ai aussi vu un homme qui portait sur sa tête un grand sachet rempli de poches d'eau. Je suis arrivé à 7 heures passées de 6 minutes au boulot, et j'allais justement baigner dans la routine à savoir donner la carte de permission aux élèves, superviser les classes et lire les journaux que m'apportera Jean Jean.
Quelques heures après, je devais surveiller les élèves pour le compte des examens anticipés. Le temps venu, j'avais pris un air assez sérieux pour essayer de faire comprendre aux apprenants que je pouvais entendre leur chuchotement et intercepter n'importe quel geste suspect qu'ils pourraient poser. Lors de l'épreuve, je me donnais plaisir à regarder une élève secouer son pied à la place de son cerveau dans le but de se souvenir de la leçon apprise. À un moment donné, je plaçai un sourire, petit détail insignifiant qui pourtant sera compris par la fille en face de moi qui répond par le même geste tendre. À cet instant, l'odeur du parfum que je portais me remontait aux narines comme pour me rappeler que c'est à chaque fois que j'arrête d'exploiter l'instant que la vie me laisse la respirer.
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