Il vérifie son argent de poche, il peut compter 1000 gourdes. Pas assez pour jouer aux grands dépensiers mais suffisant pour se procurer un plat à cette activité appelée Week-end des chefs. Franck y va pour cette fille qu'il n'arrive toujours pas à définir malgré les meilleurs qualificatifs vivants nuit et jour sous sa plume.
Arrivé au local de l'activité, il trouva facilement le kiosque de la belle demoiselle passionnée de l'art culinaire dans la théorie et la pratique. Que dire d'une artiste qui est aussi belle que son œuvre ? Son visage posait des questions dont seule la beauté avait la réponse. La beauté est une sérieuse réflexion, une représentation demandant de lui accorder du temps. Et Chef Maeva est un feu rouge.
Franck croise les yeux de Maeva placés derrière ses lunettes d'intello, regard mariné dans la sauce de fierté et d'innocences. Elle était débordée par les commandes de pizza qu'elle prenait le soin de préparer sous les yeux du défunt pasteur David N Hartt, fondateur de la Radio Lumière. Il salua Maeva avec un sourire qui équivaut à un bonjour très sonore. Ils échangèrent tous les deux.
- Il y a quoi au menu ?
- je n'ai que de la pizza.
- C'est à combien les tranches ?
- Je ne fais pas de tranches, mais plutôt des médiums.
- Combien je dois payer ?
- 350 gourdes.
- D'accord.
Après leur courte conversation, Franck a fait les suites nécessaires avec cet énorme garçon qui était à première vue au service de Maeva. Franck a compris qu'il allait passer tout l'après-midi dans cet espace à odeur chrétienne. Il est longtemps resté debout, sirotant dans un premier temps un petit verre de cocktail avant de mettre fin à sa tournée de boissons alcoolisées avec une bière Prestige. Il ne pouvait aller au-delà de ses moyens avec les 200 piastres restant au fond de sa poche.
Les prestations, pour la plupart, laissèrent Franck indifférent, sans doute pas venu pour se saouler les oreilles de chansons évangéliques. Quelques fois il tapait du pied quand la musique arrivait à lui entrer dans la peau. Maeva faisait tout son possible pour Franck, elle avait beaucoup de clients en attente. Premier arrivé, premier servi, dit-on. Il recevra finalement sa commande à dix minutes de la fin de l'activité. Franck prenait son temps pour déguster la pizza préparée par sa "crush" (langage récent et populaire).
- Tu as aimé ?
- C'était intéressant.
- Merci.
- Je suis content de te voir.
- Moi aussi.
- À la prochaine,
Franck aurait aimé dire plus quand il la tenait par la main, mais sa mère faisait écran. Il voulait rappeler à Eva que ses lèvres donnent jusqu'à présent des leçons de sensualité et qu'elle ne devrait pas croire que sa plume aime toutes les jolies femmes. Dans la matinée, Franck avait publié la description de la photo d'une femme qu'il avait lui-même écrite. La chef Maeva était assez intelligente pour savoir que Franck travaillait, avec le sourire aux lèvres, le projet de son corps, dépôt exclusif de la beauté. Elle croyait aussi que le jeune homme avait déjà commis un adultère avec elle dans son cœur. Franck lui a souvent répété mot pour mot, " tu es tout ce qu'il est donné à un homme de connaître ". Pendant qu'il réfléchissait à tout cela, Franck prenait la direction de la barrière et regarda derrière à deux reprises pour sourire à Maeva...
John Guyve François
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